Je suis particulièrement attaché à la notion de pédagogue, car elle dépasse celle d’enseignant tout en l’incluant.
Un pédagogue ne se limite pas à transmettre des connaissances ; il accompagne l’élève dans un processus d’apprentissage plus global et personnalisé.
Dans le Manifeste de la pédagogie agile que j’ai mis en place, je mets l’accent sur la personne avant l’élève, sur l’importance de l’adaptation des outils et des processus, tout en valorisant la progression de chacun à son propre rythme. Cela ne signifie pas que je rejette le rôle traditionnel de l’enseignant. Comme dans le manifeste agile, il s’agit d’aller au-delà des méthodes classiques tout en reconnaissant la valeur des fondations.
Être pédagogue, c’est être capable de s’adapter à chaque situation, à chaque individu, avec une attention particulière aux besoins spécifiques de chacun.
Mais alors, qu’est-ce qui différencie vraiment un pédagogue d’un simple enseignant ? Selon mon expérience, c’est la capacité à dépasser la transmission pour entrer dans l’accompagnement individualisé, en avançant pas à pas.
Je considère que la pédagogie est un art, et je me vois comme un artisan.
Un artisan prend soin de chaque détail, en ajustant son travail au matériau qu’il façonne. De la même manière, je m’adapte à chaque élève, car chaque élève est un être vivant en constante évolution. Il n’est jamais le même d’un jour à l’autre, ni selon les environnements, ni selon les personnes qui l’entourent.
Je pense à Elsa, une élève de 13 ans, pleine d’énergie mais souvent distraite. Un jour, elle est venue me voir en disant : “Monsieur, je n’y arriverai jamais, je suis trop nulle.” Alors, nous avons pris le temps d’analyser son travail ensemble, et je lui ai proposé de faire des petits pas, à son rythme. C’est là que le Kaïzen, l’amélioration continue par de petites actions, a pris tout son sens pour elle. En avançant lentement, elle a réalisé que ce n’était pas une question de compétence, mais de méthode et de concentration. En l’aidant à voir les choses différemment, elle a réussi à avancer là où elle se pensait bloquée.
C’est cette nature changeante qui justifie ma posture d’artisan : je dois constamment ajuster mes pratiques, mes outils pédagogiques, et mon approche en fonction des besoins de mes élèves. Toutefois, adaptée ne veut pas nécessairement dire réussir. L’adaptation consiste à créer un contexte favorable à l’apprentissage, mais cela ne garantit pas toujours une réussite immédiate. L’échec fait aussi partie du processus éducatif, et parfois, on avance en trébuchant, et c’est très bien comme ça.
En pédagogie, il s’agit de rechercher un accompagnement vers toujours plus de connaissances, sans jamais prétendre atteindre l’exhaustivité.
La pédagogie est donc pleine de paradoxes.
Mais comment concilier le besoin d’adapter constamment et l’exigence de progression pour chaque élève ? C’est là tout le défi de l’enseignant-pédagogue, qui jongle avec ces tensions pour permettre à chacun d’avancer à son rythme. D’une part, nous cherchons à offrir des réponses adaptées à chaque élève, mais d’autre part, nous devons accepter que la progression soit non linéaire et que les résultats ne soient pas immédiats. Nous tentons d’équilibrer la transmission des savoirs et la responsabilisation des élèves dans leur propre apprentissage. Parfois, c’est un vrai casse-tête, mais c’est justement ce qui rend ce métier passionnant. Il y a une tension permanente entre les contraintes que nous imposons pour encourager la mémorisation et la liberté que nous accordons pour permettre aux élèves de devenir autonomes.
Après tout, la pédagogie, c’est un peu comme une improvisation bien maîtrisée : il faut être souple tout en gardant un cap.
Ces paradoxes sont au cœur de la pédagogie, et c’est ce qui la rend si complexe et fascinante. Ils montrent que la pédagogie n’est pas une science figée, mais un art vivant, qui doit sans cesse s’ajuster, s’adapter et se renouveler en fonction des élèves, des contextes, et des situations changeantes.
Pour finir, un tableau synthétisant mon point de vue
Pédagogie agile 