Pourquoi cette charte ?
De nombreuses fois, depuis une dizaine d’années, j’ai accueilli dans ma salle de classe plusieurs personnes qui souhaitaient découvrir réellement à quoi ressemble l’agilité dans la pédagogie. Je le fais gratuitement et souvent sur mon temps libre. Je n’ai rien à gagner.
En échange je demande de me remettre par la suite un compte-rendu de la visite. Je peux ainsi obtenir un regard extérieur sur les points à améliorer dans ma pratique. C’est simple et respectueux.
Récemment, j’ai vécu une situation qui m’a profondément affecté : fin 02024, j’ai ouvert ma classe à une personne intéressée pour observer mes élèves en action afin de construire une école agile. Vaste projet. J’ai passé une demi-journée sur mon temps libre pour une présentation puis une journée en classe.
J’ai découvert récemment que cette personne a expliqué son projet lors d’un long entretien diffusé sur internet. Elle cite des visites de classes, mais sans jamais évoquer ce qu’elle avait vu ou reçu de ma part, sans mentionner mon nom ni mon expérience. Pourtant son projet peut être viable en grande partie grâce à mes nombreuses explications. Elle ne m’a même pas envoyé le compte-rendu de sa visite.
Encore quelqu’un qui pense que je ne suis pas crédible car je ne suis que professeur de collège. Encore une fois.
Imaginez mon immense colère. Ce n’est pas une question d’ego. C’est une question de reconnaissance.
Je crois profondément, et naïvement, à l’échange, à la transmission des idées et surtout au respect et à l’honnêteté. Mais cela suppose, en retour, une forme de loyauté intellectuelle et humaine. « Transparence » est une des valeurs de l’état d’esprit agile.
C’est pourquoi j’ai décidé, à partir de maintenant, de ne plus accueillir de visiteurs.
Ou peut-être sans avoir posé au préalable une charte d’intention.
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Ce que vous venez voir
Ma classe n’est pas « innovante ». Elle n’est pas « différente ».
Elle est le fruit de près de quinze années de recherche appliquée en pédagogie agile, inspirée du Manifeste Agile, du Toyota Production System, de la complexité, de la systémique, de la pensée japonaise, et de mon expérience quotidienne avec mes élèves.
Ce que vous verrez, ce sont des outils, des processus, des choix pédagogiques précis, éprouvés et ajustés.
Ce que vous ne verrez pas, c’est tout le travail invisible et l’expertise d’un pédagogue qu’il a fallu pour les faire émerger.
Ce que j’attends de vous
Je vous accueille avec confiance. En retour, j’attends :
• une écoute sincère, sans projection immédiate ni récupération ;
• une curiosité respectueuse, même si certaines choses vous étonnent ;
• et surtout, si vous repartez inspiré(e), la reconnaissance explicite de cette source d’inspiration, si vous êtes amené(e) à en parler publiquement.
Cela ne signifie pas « me citer à tout prix ». Cela signifie nommer honnêtement vos appuis.
Ce que je ne souhaite plus
Je ne souhaite plus accueillir de visiteurs dans une posture d’observation consommatrice, ou de curiosité floue.
Je ne souhaite plus que mon travail soit repris sans mention, ni que ma classe soit vue comme un simple « exemple parmi d’autres ».
Je ne suis pas une école-laboratoire. Je suis un pédagogue en chemin, qui accepte de montrer son atelier.
Aucune photographie ou captation de mon travail n’est autorisée, que ce soit de la salle, des murs, des documents ou de tout autre élément visible, sauf autorisation écrite explicite de ma part. Mon espace de travail est un lieu vivant et sensible, non un décor.
Une dernière précision
Je ne donne plus de conseils gratuitement.
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Et pour finir, arrêter de me parler d’eduscrum (ou alors citez plutôt scrumatschool, cadre beaucoup plus agile et lié à l’apprentissage). Ou de vous vanter de le connaître sans l’avoir utilisé. Eduscrum n’est pas un cadre viable dans l’enseignement et la pédagogie.